Le CAS - Cowboy Action Shooting

Il était une fois…en « Amérique », un groupe d’amis, tireurs « IPSC » (on dit « TSV » [1], en France), qui, un jour de pluie, annulèrent leur séance de tir pour rester au chaud et visionner un film, un « western », bien entendu.


Ce film s’appelait « The Wild Bunch » (« la Horde Sauvage », en français), de Sam Peckinpah. Ce film leur inspira l’idée d’utiliser les armes de leurs « grands-parents » lors de leur prochaine séance d’IPSC, en lieu et place de celles utilisées traditionnellement dans leur discipline.

Nous sommes en 1979, en Californie,(près de Norco, et de Corona, dans la région de Los Angeles) : exit le Colt 1911, bienvenue au Colt 1873, et à ses compagnons d’armes de l’époque : Winchester à levier de sous-garde et « coachgun ».
L’expérience est une totale réussite, et les amis, ainsi que leurs camarades de stand décident de se retrouver tous les trimestres pour la renouveler.
Très vite leur vient l’envie de créer une nouvelle discipline, fondée sur cette pratique de tir « Old West », et ils élaborent une réglementation pour servir de « guide » aux tireurs.

Le « Cowboy Action Shooting » vient de naitre. La « Single Action Shooting Society » suivra quelques années plus tard (en 1987), encadrant la pratique de plusieurs disciplines de tir, qui vont se développer et se préciser au fil du temps.
Le groupe fondateur prend le nom de « Wild Bunch », afin d’honorer le film qui leur a insufflé l’idée de cette nouvelle formule de « tir sportif et de loisir ».

Car, ne nous y trompons pas, s’il est bien question de s’amuser, il s’agit bel et bien d’une discipline de tir sportif à part entière dans l’esprit de ses créateurs.
Simplement, elle est conçue de telle façon que tous (ou presque) peuvent prétendre à y participer, ensemble, quel que soit leur état physique (âge, handicap) ou leur sexe (femme, homme).
En effet, tous les pratiquants du « Cowboy Action Shooting » (« CAS ») peuvent tirer ensemble dans le même « groupe » (« Posse »), le même « scénario » (« Stage ») sur le même « pas de tir » (« Range »).
C’est sur la feuille de match que la différence entre « catégories » se fera selon l’âge (par exemple « Buscadero » pour les jeunes, « Lady » pour les femmes..) mais également selon la « discipline », c’est à dire la façon de tirer (à bras franc à une main, à deux mains, voir avec une arme dans chaque main, etc…(nous y reviendrons ultérieurement plus en détail), et le type de munitions ou de poudre utilisée (poudre noire, poudre sans fumée, cartouches métalliques ou papier, ou chargement direct de la poudre et des balles par l’avant du barillet).
Les possibilités sont nombreuses, offrant une multitude de façon de pratiquer le CAS, principale discipline avec le « Wild Bunch » (« WB »), ou leurs disciplines annexes. Au catalogue figurent également des disciplines « Long Range », dont les distances varient avec les possibilités offertes par les installations utilisées. Le « CAS » se répand assez vite, tout d’abord aux Etats-Unis, bien entendu, mais également en Europe, et ailleurs « dans le monde », selon les facilités offertes par les réglementations des pays concernés.
La « SASS » compte actuellement plus de cent mille pratiquants dans le monde.

Faire revivre le passé...
Au-delà de la pratique du tir en elle-même, le « CAS » est également une sorte d’état d’esprit, où le fait d’être « costumé » (et non pas « déguisé ») permet de prendre du recul avec la vie quotidienne, et d’être plus « relax », hors des sessions de tir, bien entendu. Car le « CAS » génère bel et bien une ambiance un peu particulière de par le contexte dans lequel il est pratiqué. Même si nos racines sont différentes de celles de nos « cousins » d’Outre-Atlantique (n’oublions pas que parmi les premiers colons « des Amériques » figurent nombre de français, même si les anglo-saxons ont ensuite pris le pas sur eux, suite aux défaites de la « guerre de Sept Ans », en Europe, sous Louis XV, en 1763), nous avons pour la plupart été nourris au lait du « western », et des jeux d’enfants tels que « les cowboys et les indiens ».
Le fait de quitter sa « tenue de ville » pour endosser celle de son choix dans la « panoplie » d’un cowboy, trappeur, soldat, indien, ou autres, et de se faire appeler par son « pseudo », permet de s’affranchir de beaucoup de barrières sociales ou professionnelles. De ce fait, les relations entre participants sont plus aisées, plus simples, d’autant que la mentalité des tireurs n’est pas entachée (comme cela peut-être parfois le cas dans d’autres disciplines de tir) par un esprit farouche de compétition. Le « Spirit of the Game », cher aux fondateurs du CAS, prend ici sa place.

...tout en pratiquant un sport.
Ce que l’on peut aisément traduire par « esprit sportif » va en fait bien au-delà. Les meilleurs n’hésitent jamais à partager leur savoir, leurs astuces pour gagner du temps, et prodiguer leurs conseils avisés dans tous les domaines. Aucun n’hésitera à faire essayer ses armes et ses cartouches « mitonnées maison » (le rechargement est souvent la règle, puisque les munitions ne doivent être « ni trop puissantes, ni trop légères » pour satisfaire aux règlements de la discipline). Aucun n’hésitera à prêter ses armes à un autre tireur ayant des soucis avec son matériel, ou à lui donner de ses propres munitions pour lui permettre de terminer la « compétition », ou disons plutôt la « rencontre », car l’ambiance est et reste toujours amicale.
Ceci n’empêche pas une volonté de faire mieux, de tirer plus vite, à chaque rencontre, mais l’on affronte autant les autres tireurs que soi-même, sans que cela ne devienne pour autant une obsession. Le but étant de se « faire plaisir », mais en « toute sécurité ».Car la « sécurité «  est le maître mot, et l’objectif premier qui régente la « SASS » et par conséquent les activités qu’elles promeut, comme le « CAS » ou le « WB ».Pour cela, un encadrement est conçu selon les règlements de la « maison-mère », comprendre la « SASS », et l’encadrant doit maintenir ses compétences. Cet encadrement se compose respectivement des grades de RO 1, RO 2, et « BP » (Range Officer 1 et 2, et Black Pins »).

Les armes



Nous allons aborder le matériel nécessaire à la pratique du Cowboy Action Shooting. Nous pouvons le décomposer en trois éléments principaux, dont deux ont une importance certaine sur les résultats que l’on peut espérer lors d’une séance de tir, le troisième constituant essentiellement un plaisir tout ce qu’il y a de plus personnel : les armes, les « cuirs » (holsters, ceinturons), et enfin la tenue vestimentaire.

Tout d’abord, nous allons aborder le sujet des « armes à feu ». La pratique du CAS nécessite effectivement non pas une seule arme, mais plusieurs. Le tireur CAS est donc équipé d’une paire de revolvers en « simple action ». Ce dernier point est déterminant, aucune arme en « double action » n’est autorisée au CAS…n’oublions pas que cette discipline se pratique sous l’égide de la « Single Action Shooting Society », ce qui est suffisamment clair, n’est-ce pas ?

Vient ensuite une arme d’épaule, qui devra nécessairement être chambrée en calibre « d’arme de poing ». Deux raisons à cela, l’une d’ordre historique (si l’on peut dire, la « Légende » y a sans doute encore plus sa place), l’autre plus prosaïquement « technique », pour des raisons de sécurité. Le motif « historique » vient de ce que le « cowboy » sur son cheval transportait plus aisément une carabine, arme légère et pratique d’emploi, dont le calibre était souvent le même que celui de son arme de poing, quand un « riffle », de plus fort calibre le plus souvent, aurait été plus encombrant, voire gênant. L’autre raison, plus importante, est tout simplement que les distances de tir au CAS étant faibles, une munition puissante risquerait à coup sûr de provoquer des « retours » indésirables.

Enfin, pour compléter l’équipement de notre tireur, nous trouvons une arme longtemps dédaignée dans les westerns traditionnels, mais qui a retrouvé ses lettres de noblesse avec la nouvelle vague du western, incarnée initialement par le « western spaghetti » du grand Sergio LEONE, le fusil de chasse. Il s’agit pourtant de l’une des armes les plus utilisées à cette époque, dans ce que l’on appelait le « Far West », car il était généralement peu onéreux, et pouvait servir tout autant à la chasse pour nourrir la famille (son rôle essentiel) que d’arme de défense, si besoin était.
Généralement connue sous l’appellation sans doute plus flatteuse de « shotgun », ou encore de « coachgun » sous une version raccourcie, cette arme à canon lisse, de calibre 12, ou 16, le plus fréquemment, peut se décliner de plusieurs façons, comme nous allons le voir.

Revenons-en aux revolvers, impérativement à simple action donc. Ces armes peuvent être à « cartouches métalliques », ou à « percussion » (ou « Caps’& Ball » pour utiliser l’expression américaine). A la poudre noire pour les armes à percussion, ils peuvent tirer indifféremment de la PN ou de la PSF pour ceux à cartouches métalliques. Les calibres autorisés sont ceux utilisés le plus fréquemment, à savoir les traditionnels calibres .36 / .44 / .44-40 / .45 long Colt, mais aussi les calibres .38 Special ou .44 Special. L’essentiel est que les limites de vitesse (et donc d’énergie) hautes et basses préconisées dans le règlement de la SASS soient respectées.

L’éventail de choix est très large, et rien n’oblige à utiliser les deux mêmes armes, si ce n’est qu’il apparaît assez vite que c’est, disons, bien plus pratique. Vous pouvez vous en donner à cœur-joie : Colt 1847, Colt 1851, Colt 1860, Remington 1858, Smith & Wesson « Schofield » et bien d’autres…sachant tout de même que, très logiquement, c’est le célébrissime Colt SAA 1873 « Army » qui se taille la part du lion dans ce domaine.
En ce qui concerne l’arme d’épaule, en calibre « d’arme de poing », le choix est moins limité qu’on pourrait le penser, même si, là-aussi, le culte de la « Winchester » est bien présent. Néanmoins, il ne faut pas négliger pour autant des armes intéressantes comme par exemple la célèbre « Colt Lightning », qui porte bien son nom. Les fabricants italiens ont également permis d’accéder à des armes rarissimes comme la « Colt Burgess », qui devait concurrencer Winchester dans le domaine des armes d’épaule, avant qu’un accord ne soit passé entre les deux grands industriels de l’armement de l’époque qu’étaient COLT et Winchester.

Les armes les plus couramment utilisées sont donc les Winchester 1866, 1873, et 1892. Les « Henry » sont peu représentées car lourdes (ce sont des « Riffles »), et leur conception avec ce poussoir de balle qui se déplace le long du magasin tubulaire, venant à un moment ou l’autre heurter la main du tireur, se prête moins à une séquence de tir rapide. Les armes peuvent tirer des cartouches chargées poudre noire, ou poudre sans fumée. Mais toutes doivent tirer des munitions munies de projectiles en plomb, uniquement.
Le « fusil de chasse » utilisé est généralement muni d’un canon relativement court (attention à la réglementation française...mais aussi au fait que la gerbe de petits plombs de la cartouche utilisée sera dispersée d’autant, et donc moins efficace pour faire basculer la cible) afin de faciliter la séquence de tir sur des cibles multiples (en général quatre, comme nous le verrons dans un futur article portant sur la « pratique » du CAS). Il peut être à « chiens apparents » ou « hammerless » (à l’exception de certaines catégories comme le « Classic Cowboy »). Les « juxtaposés » sont les plus utilisés, mais les Winchester Model 1887 à levier de sous-garde, ou les Winchester 1897 (à pompe, et donc classés en catégorie B), sont également présents sur les « ranges ». Cependant, ils ne peuvent pas être chargés à plus de 2 coups à la fois, comme le sont les fusils plus classiques.

Les munitions utilisées peuvent être chargées là-aussi à la poudre noire ou à la poudre sans fumée. Cependant, la charge de plomb doit être composée de « petits plomb », du genre « 7 1/2 » ou « 8 », mais surtout pas de grenaille, voire de balle unique ! Vu la rapidité du tir sur des cibles multiples, on comprend de toutes façons très vite qu’une munition aussi légère que possible est la bienvenue. Les munitions les plus légères de « Ball Trap » sont souvent utilisées, voire même les munitions que nos trois associations CAS commandent en commun, annuellement, auprès d’un encartoucheur bien connu des chasseurs, et qui nous recharge des cartouches selon nos propres spécifications.
Dans tous les cas, privilégiez des cartouches aussi courtes que possible (par exemple du 12/65 ou 12/67,5), avec un « petit culot », et surtout un sertissage « rond » et non pas en étoile. En effet, nos « Shotguns » ne doivent pas être munis d’un éjecteur, interdit par le règlement SASS, mais uniquement d’un « extracteur », et un sertissage en « étoile » se déplie après le tir, et vient « frotter » sur les parois du tube du canon, rendant l’extraction des étuis vides plus difficile et lente.


Les équipements



Après avoir passé en revue l’armement de notre tireur « Cowboy Action Shooting », nous allons aborder le détail de son équipement de tir. En effet, la pratique du CAS nécessite un certain nombre d’accessoires.

Parmi ceux-ci, les plus importants sont sans aucun doute les holsters, et dans une moindre mesure, le ceinturon qui les supportera. Dans ce domaine, le choix est beaucoup plus vaste que les néophytes pourraient le penser. Il sera également en partie conditionné par un autre choix qui est, lui, dicté par un choix plus esthétique que strictement sportif.

Le premier élément à prendre en compte est bien entendu la longueur des canons des revolvers que l’on va utiliser. Les longueurs usuelles de ces canons sont de 4 ‘’ ¾, 5 ‘’ ½ ou 7 ‘’ ½. La technique de tir à l’arme de poing au CAS utilise bien entendu la « visée », puisqu’il s’agit de toucher une cible placée à une distance qui peut être variable, mais intervient également un autre paramètre, le facteur «  temps », inexorablement quantifié par le chronomètre (« Timer », qui est aussi le nom donné au Range Officer en charge de l’utiliser lors de la phase de tir).

De ce fait, le tir est également en partie « instinctif », la combinaison de la part de la prise de visée et de celle de l’instinct se combinant, pour chacun, et pouvant aboutir à un choix différent en matière de longueur de canon, sachant qu’il faudra aborder plusieurs cibles différentes, selon des séquences de tir variées (c’est l’un des éléments qui rendent d’ailleurs le CAS aussi plaisant et intéressant). S’y ajoute là aussi le goût personnel en matière d’esthétisme.

Si la longueur du canon de l’arme joue un rôle dans la longueur de l’étui qui va la contenir, un autre paramètre rentre également en jeu : quel « type » de holster va t’on choisir ? Outre le célèbre « Buscadero », pure invention hollywoodienne des années trente, longtemps immortalisé dans de nombreux westerns de l’époque, il en existe deux autres modèles beaucoup plus « historiques » : les « California Pattern », souvent plus connus sous le nom de « Slim Jim », et les « Mexican Loop ». Ces deux derniers modèles sont maintenant très connus également, du fait qu’un certain réalisme prévaut dorénavant sur le grand écran, dans les westerns de ces dernières années.

Le « Buscadero » est cet ensemble « ceinturon-holsters », souvent très ouvragé et orné de « conchos » (pièces ou bijoux d’argent, parfois rehaussés de pierreries, en particulier la turquoise, affectionnée par les amérindiens). Le ceinturon est aménagé avec un, mais le plus souvent deux holsters, descendants très bas sur les hanches, voire portés sur la cuisse, où ils sont maintenus par des lacets. Très esthétiques visuellement, ils ne sont donc pas historiques du tout, car absolument pas utilisables pour un port à cheval dans de bonnes conditions. Le « Buscadero » est surtout utilisé par les tireurs classés dans la catégorie « B. Western », qui rend justement hommage au cinéma hollywoodien, et en particulier à tous ces artistes des « séries » qui ont bercé l’enfance des plus anciens d’entre nous : Hopalong Cassidy, Roy Rogers, mais surtout Les Mystères de l’Ouest, Au nom de la Loi, Bonanza…

Le « California pattern » ou «  Slim Jim » est un étui très enveloppant, d’une seule pièce, avec un passant de ceinture cousu sur l’envers du holster. Il est donc monté « haut » sur la hanche. Le plus souvent utilisé pour des revolvers «  Caps & Ball », il l’est cependant également pour des armes à cartouches métalliques. Très esthétique avec les armes à canon long, il peut être très « sobre », ou au contraire, très ouvragé, avec du cuir repoussé ou bien d’autres techniques de travail du cuir.
Enfin, le « Mexican Loop » est sans doute le plus courant des holsters rencontrés. Formé d’une seule pièce de cuir, repliée en deux, l’une des parties étant échancrée d’une ou plusieurs « fentes » dans lesquelles sera glissée l’autre partie formant étui. Le ceinturon se glisse entre les deux parties, dont l’interstice forme un passant naturel. Celui-ci sera plus ou moins important, et le holster sera donc plus ou moins « haut » sur la hanche, sans jamais descendre très bas néanmoins. Ce type de holster dégage également très bien la crosse de l’arme, permettant une saisie de celle-ci plus facile et rapide.

Un dernier type de holster existe, très peu utilisé au CAS, car assez contraignant. Il s’agit du holster de type militaire. Ces holsters réglementaires comportent en effet un rabat pour une meilleure protection de l’arme, qui rend sa sortie beaucoup plus lente, et donc moins compatible avec un usage sportif où le « chrono » rentre en jeu, car source de perte de temps.
Hors le cas du « Buscadero » qui est constitué d’un ensemble complet, les deux autres types de holsters nécessitent un ceinturon pour les porter. Celui-ci devra être assez large, pour bien maintenir les holsters en place, et sera d’un port plus confortable pour supporter le poids, non négligeable, des armes. Ce ceinturon pourra être « lisse », dans le cas des armes « Cap’s & Ball », ou comporter des « alvéoles » pour y loger des munitions, formant alors cartouchière...souvent purement décorative, les revolvers étant déjà approvisionnés à la table de chargement.

L’équipement comprendra également impérativement une cartouchière pour munitions d’arme de chasse destinées au « shotgun », la seule arme qui ne soit pas approvisionnée à la table de chargement. Elle pourra comporter des alvéoles indépendantes pour chaque cartouche, ou des « godets » pouvant contenir au maximum 2 cartouches. Il est également possible de choisir l’option de « porte-cartouches » se glissant sur le ceinturon supportant les holsters. Le nombre de coups de fusil tirés lors d’un «  stage  » est le plus souvent de 4. Sachant que l’on doit tirer jusqu’à faire tomber les gongs dans ce cas, il est d’usage de porter sur soi jusque 6 cartouches, éventuellement 8, qui seront bien suffisantes.

Un autre accessoire comportant un étui « cuir » est très souvent présent dans l’équipement du tireur CAS, même s’il n’est pas utilisé pour le tir lui-même. Il s’agit d’une gaine contenant un couteau, très souvent un de ces fameux « Bowie ». Ce peut être tout aussi bien un autre type de couteau de chasse, ou utilitaire. Porté également au ceinturon, il fait partie intégrante de la tenue dans certaines catégories, comme le « Classic Cowboy », mais il est en réalité plébiscité par l’ensemble des tireurs.

Enfin, un autre accessoire est parfois également porté au ceinturon, au bout d’une lanière. Il s’agit d’un « porte-cartouches » pour les munitions de revolvers et carabines, dont les boites ne peuvent être amenées à la table de chargement, au risque de l’encombrer rapidement. Il s’agit d’une «  plaque » de fort cuir, comportant une vingtaine de «  trous » pouvant recevoir une cartouche, autant que celles qui seront utilisées lors du stage, comportant 10 tirs à l’arme de poing et 10 à l’arme d’épaule.


La pratique



Nous voilà équipé, de pied en cap : 2 revolvers à « simple action », une carabine en calibre d’arme de poing, un bon vieux « shotgun » en calibre 12 (ou 16). Nos munitions sont conformes au règlement SASS, à savoir nos cartouches sont toutes munies de projectiles en plomb peu (ou pas) durci. Elles ont un « Power Factor » minimum de 60, et ont des vitesses comprises entre 122 m/s (400 fps) et 304 m/s (1 000 fps) pour les revolvers, et jusque 427 m/s (1 400 fps) pour notre arme d’épaule à canon rayé. Nos cartouches pour fusil à canon lisse ne sont pas sous-calibrées, elles sont chargées avec des petits plombs « purs », d’un maximum de calibre 4, ou plus petits (7 ½ convient très bien).

Un coup d’œil sur le « range » nous permet d’apercevoir sa disposition. Une ligne virtuelle, matérialisée partiellement par les postes de tir, au nombre de 1 à 3 en général, équipés d’une « table » destinée à poser éventuellement les armes utilisées, sépare le pas de tir en deux zones. Au-delà des postes de tir, les cibles sont positionnées selon le «  scénario  » prévu pour la séquence de tir du «  stage ».

En général, on trouve 5 cibles pour armes de poing, autant pour l’arme d’épaule à canon rayé, et 4 pour le shotgun. Ces dernières sont «  basculantes » et doivent impérativement être tirées jusqu’à être « tombées ». Les autres peuvent être fixes, quelques fois mobiles, basculantes ou même « rotatives ». Dans tous les cas, elles sont inclinées d’environ 30 degrés vers l’avant, pour empêcher les ricochets vers le tireur et les personnes situées à l’extérieur de la « ligne de feu ».

En avant de la ligne de feu, sur la gauche, se trouve positionnée la « table de chargement » (ou «   loading table  »…Les termes utilisés dans la discipline sont anglo-saxons, vu la pratique « internationale » de la discipline, afin d’être compris du plus grand nombre). Elle est sous la surveillance d’un «  Loading Officer » qui s’assure que le tireur a chargé correctement ses armes, avec le nombre de cartouches prévues pour le scénario du moment, et de la conformité de celles-ci (pas de projectile blindé par exemple).
A côté de cette table se trouve souvent une table chargée de recevoir éventuellement les boites de cartouches des tireurs (qui ne doivent pas être posées sur la « loading table » pour ne pas l’encombrer inutilement), et un « râtelier » destiné à recevoir les carabines et fusils des tireurs en attente de passer à la table de chargement. Le tireur n’emmène à la table de chargement que le nombre de cartouches qui seront utilisées lors du scénario. Les revolvers, eux, sont portés dans leurs holsters, au ceinturon, et ne sortiront de ceux-ci que lors des phases de chargement, de tir (bien entendu) puis de déchargement (sous peine de pénalité pouvant aller jusqu’à l’exclusion de la compétition, ou « Match Dicscue  »).

Sur la droite du « range », une autre table, de « déchargement » cette fois-ci (« unloading table ») sous la surveillance d’un « Unloading Officer » attend le tireur à la fin de son parcours, afin qu’il sécurise ses armes, à savoir vérifier qu’elles sont bien déchargées, et qu’il ne reste ni cartouche «  vive », ni douilles, dans celles-ci.
Il est à noter, dès à présent, que bien que les opérations de chargement, de tir, et de déchargement se fassent sous la surveillance d’un « Range Officer », ou éventuellement des autres tireurs (au CAS, tout le monde est en charge de la sécurité, à tout moment), la responsabilité de toute action incombe uniquement au tireur lui-même.
Tous les tireurs, et toutes personnes présentes sur le pas de tir, doivent impérativement être équipés de lunettes de protection, et de protections auditives. Ceci inclut également les éventuels « spectateurs », qui doivent se tenir en « retrait » du « range », afin de ne pas gêner les participants.
Une rencontre CAS se déroule d’une façon très orchestrée. Tout d’abord l’appel des participants, qui se fait par leurs « alias », choisis par eux-mêmes. Le même « alias » ne peut être attribué à deux personnes différentes, et chacun des membres de la SASS a donc son identité propre, comme dans la « vraie vie. Si le nombre de tireurs est important, ils sont répartis dans plusieurs «  posse  », afin de fluidifier les « stages » et éviter de trop longues attentes avant de tirer. Les tireurs sont appelés ensuite à venir écouter le déroulement du scénario prévu pour le « stage » à tirer.

Celui-ci est commenté par le « Range Officer » en charge, sur le pas de tir lui-même. Toutes les questions sont les bienvenues, afin qu’aucun doute ne subsiste (si possible !) sur le déroulement de la séquence de tir à effectuer. Toute erreur sera sanctionnée par une « procédure », entraînant une pénalité de 10 secondes, qui seront rajoutées au temps effectué. Toute cible manquée sera comptabilisée comme un «  miss  », valant 5 secondes de pénalité.
Il est donc très important d’être attentif à ce briefing, qui aura lieu avant chaque « stage », ceux-ci étant tous différents au cours de la rencontre ; ils sont en nombre variable selon les circonstances, mais il peut y en avoir jusque 8 différents à tirer dans la journée…(en général plutôt 6). Ensuite, le « Range Officer », faisant office de «  Time Operator », demande des volontaires pour occuper les différents postes nécessaires au bon déroulement de la compétition.

Cela veut dire, outre le « Time Operator » lui-même, chargé de s’assurer de la sécurité lors des tirs et de chronométrer la séquence de tir, la présence de 3 « spotters  » (chargés de s’assurer que le scénario est bien respecté, et de compter les « miss »), ainsi que d’un « score keeper  » en charge de noter les résultats : temps réalisé, pénalités, et de faire « signer » la feuille de résultat au tireur. Ceci afin d’éviter toute éventuelle polémique sur les scores un peu plus tard…si une réclamation est à effectuer, c’est à ce moment-là qu’il faut le faire savoir.
Il est à noter que tous les participants peuvent (doivent, même, cela fait partie de l’esprit du CAS), occuper ces différentes fonctions, à tour de rôle, s’ils ont l’expérience suffisante pour ce faire. Au final, tout le monde tirera, quel que soit son poste à un moment ou un autre de la compétition, sans exception. Pour résumer, le tireur se présentera à la table de chargement, attendra d’être appelé pour exécuter sa séquence de tir, puis se présentera à la table de déchargement pour sécuriser ses armes. Il remplacera ensuite éventuellement l’un des «  Officers  » dans sa fonction afin que celui-ci puisse effectuer à son tour son « stage ».
A la fin des épreuves, armes et munitions seront rangées. Ce sera l’heure du « No gun in Town  ». Les festivités pourront alors commencer, là aussi « en toute sécurité ».

Par Alain "Jeppesen"